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Quand la fiction interroge notre rapport au travail, en 3 personnages


Divertissements parfaits pour s’aérer l’esprit — et véritables trous noirs aspirants notre productivité — les séries sont aussi des miroirs des questionnements de notre société. En observant le quotidien de personnages fictifs, on peut souvent trouver des pistes de réflexion sur notre propre existence et notre rapport au travail.


Dans cet article, nous allons voir comment trois protagonistes d’œuvres audiovisuelles peuvent nous donner de précieuses leçons, pour prendre exemple sur eux, ou, au contraire, pour s’affranchir de leurs errements.


Chandler Bing (Friends)
À moins d’avoir réussi à éviter un écran (de télévision, d’ordinateur, de smartphones) de 1994 à nos jours (et si c’est votre cas : on est HONORÉS que votre première rencontre avec un gros rectangle coloré et lumineux se fasse sur notre site), vous avez entendu parler de Friends, et en avez potentiellement déjà vu un grand nombre d’épisodes. On ne vous fait donc pas le topo de ces six new-yorkais au quotidien rythmé par leur amitié et leurs amours… vous connaissez déjà.

Si tous les personnages de la série ont un cheminement professionnel intéressant, plutôt linéaire et trouvent un sens à leur travail, celui de Chandler Bing, personnage sarcastique et bougon, nous parle particulièrement. Pourquoi ? Parce qu’il n’arrête pas de s’en plaindre, et qu’aucun protagoniste de la série, pas même lui, n’a l’air de comprendre ce qu’il fait.


Il remplit des fichiers Excel de chiffres, sans avoir une idée précise du but de la manœuvre et de l’utilité de sa présence… mais il en sort payé, plutôt très grassement, et faisant le bonheur de ses supérieurs hiérarchiques au point de toucher moult bonus et de se voir proposer tout un tas de promotions malgré son évident désengagement.

Le personnage de Chandler nous introduit au concept du manque de sens au travail. Il fait la démonstration qu’on peut avoir une réussite matérielle reconnue socialement, mais lorsque cette réussite ne s’accompagne pas de sens pour celles et ceux qui en cherchent, elle reste superficielle et donc fondamentalement insatisfaisante.


Ceci étant dit, on peut tout à fait se réjouir et trouver inspirant le parcours de quelqu’un qui réussit aussi aisément à gravir les échelons (ce qui est le cas de Chandler, qui devient vice-président de l’entreprise qui l’embauche). Sauf que, la seule raison pour laquelle Chandler reste dans ce job, c’est le salaire confortable et les multiples promotions qu’on lui propose.


Un rêve pour certains (celles et ceux qui ont à cœur, avant tout, de « faire carrière »), un cauchemar pour d’autres, qui aspirent à s’épanouir dans un métier en accord avec leurs valeurs. Mais si, à l’occasion d’un simple dimanche après-midi série-sur-le-canapé, on arrive à savoir où l’on se situe par rapport au parcours professionnel de Chandler, alors on transforme un acte aussi trivial qu’enchaîner les épisodes de sitcoms en introspection professionnelle et ça, c’est déjà pas mal.


Keeley Jones (Ted Lasso)
Création audiovisuelle qui transpire la bonne humeur et l’accent british, Ted Lasso parle de foot, d’amitié, mais aussi de reconversion professionnelle et d’opportunités.

Le pitch : un entraîneur de football américain moustachu et jovial est embauché par la dirigeante d’un club de football pour en devenir le coach. Il ne connaît pas grand chose au sport en question, mais il tentera de se faire accepter par son optimisme, son sens de l’humour et ses discours inspirants. Autour de Ted gravitent tout un tas de personnages attachants, incluant celle dont le parcours nous intéresse aujourd’hui : Keeley Jones.


Au début de la série, Keeley est une influenceuse, mannequin et femme de footballer qui se décrit elle-même comme étant « connue pour être presque célèbre ». Quand elle est embauchée par le club pour faire du marketing, elle rencontre un tel succès qu’on lui propose bientôt de prendre la tête de son entreprise de relations publiques. Elle opère alors sa révolution professionnelle sans rien changer de sa manière d’être, pas même dans les détails (on la voit par exemple déambuler avec son carnet à paillettes à la main dans lequel elle note ses idées brillantes à l’aide d’un stylo licorne). Elle exerce son métier avec une telle efficacité et une telle conscience de mériter sa place que personne ne remet réellement en cause son professionnalisme (en tout cas, pas plus de quelques minutes).


Dès que sa situation professionnelle rencontre un obstacle, elle arrive à prendre du recul et à ne pas se laisser avoir par le fameux syndrome de l’imposteur, pour faire évoluer sa propre image d’elle et se sentir crédible à ses propres yeux.


Elle prouve qu’avant tout, le job qui l’a lancée, pourtant décrié par beaucoup, est en réalité une excellente école de communication et marketing.


Elle se fait suffisamment confiance pour accepter des opportunités professionnelles qui feraient bondir de stress le commun des mortels.


La leçon de Keeley, c’est de ne jamais se laisser abattre, et de mettre sa confiance en elle au service de son expertise professionnelle — le tout en restant fidèle à elle-même. L’occasion rêvée de se rappeler qu’il n’y a pas qu’un seul modèle d’accomplissement professionnel, et qu’il y a autant de façons de réussir dans son domaine qu’il existe de personnes.


Helly R. (Severance)

Imaginez un peu : quand vous arrivez au travail à 9h le matin, vous passez la porte d’un ascenseur qui vous fait vous endormir instantanément. Vous vous réveillez, en ressenti quelques secondes plus tard, en réalité à 17h : vous n’avez aucun souvenir d’avoir travaillé, mais vous l’avez fait, et vous allez être payé pour ça.

Le rêve, non ? Eh bien, pas si sûr. Mais c’est en tout cas le point de départ de la série Severance, qui raconte le quotidien des employés de Lumon Industries. Le pitch de cette série est le suivant : chez Lumon Industries, un programme est utilisé pour séparer les souvenirs non professionnels et les souvenirs professionnels des employés, qui ont volontairement subi une dissociation grâce à une puce qui a été introduite dans leur cerveau.


En d’autres termes, les employés de cette entreprise dissocient totalement leur mémoire durant leur temps de travail de leur mémoire à l’extérieur de l’entreprise. Vous imaginez ? La personne « au travail » ne connaît rien de la personne qu’elle est en dehors… et vice versa. Fini le stress du week-end en pensant à la réunion du lundi. Fini aussi, l’esprit qui s’éparpille au travail en pensant aux tracas de la vie personnelle.


On a toutes et tous entendu mille fois l’adage qui voudrait que pour être heureux dans son job, il faudrait réussir à séparer le travail de la vie privée. Laisser les tracas du quotidien à la porte d’entrée du bureau pour se consacrer pleinement à sa journée de travail, laisser les tracas du travail en sortant du bureau pour profiter à 100% de sa vie sociale et familiale. En grossissant le trait au maximum, Severance nous montre que cette idée est, au final, un terreau plus favorable à un excellent thriller qu’à un nouveau dogme de développement personnel.


Car si, sur le papier, on s’imagine les personnes en dehors du bureau mener la belle vie, pas sûr qu’elles auraient accepté le deal en comprenant que le quotidien de leur alter ego « du travail » exécute des tâches répétitives et absurdes, observe des règles de savoir-vivre qui n’ont pas plus de sens, vit une oppression constante par la hiérarchie, le tout dans des bureaux sans fenêtre et sans vie, et dans un ressenti en 24h/24, 7 jours sur 7. C’est pourquoi, un jour, la nouvelle recrue « Helly R. », décide de tout faire pour ne pas accepter ce sort.


Au-delà d’être une série scénaristiquement parlant impeccable, avec des rebondissements dont la police du spoil nous empêche bien évidemment de vous parler, c’est aussi une œuvre qui amène à réfléchir sur notre propre rapport au travail, et donne envie de réinventer la notion de travail pour éviter d’en arriver à tout faire pour ne pas avoir l’impression de bosser.


Et vous, quels sont les personnages de fiction dont la carrière vous inspire ou vous rebute, et pourquoi ?

Cet article a été écrit par imagreen .

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