La transition en marche

Transition professionnelle : SOS, mes proches pensent que je débloque !


Vous entamez une transition professionnelle, mais vos choix d’orientation suscitent des réflexions déstabilisantes. Que faire si votre projet de reconversion ne fait pas l’unanimité auprès de vos proches ?


Qu’est-ce que vous vouliez faire de votre vie, lorsque vous étiez petit·e et que les adultes vous posaient cette question ? Probablement pas ce que vous faites actuellement. Selon votre âge et votre expérience, vous avez même probablement connu plusieurs postes au sein d’une même entreprise ou d’un même secteur, ou exercé le même métier dans des secteurs différents. 


Vous avez pu avoir une progression de carrière linéaire, et fêté chacune de vos promotions. Vous avez pu également faire évoluer votre salaire en changeant d’entreprise et de secteur d’activité, et fêté d’autant plus généreusement ces étapes franchies. 


Mais voilà qu’il vous vient en tête de changer non seulement d’entreprise, de secteur d’activité, mais aussi de métier ! Grand fou. Vous entamez une transition professionnelle, en passant d’un état de votre carrière, à l’inconnu le plus complet


C’est pourtant là aussi une manière de faire évoluer votre carrière, mais contrairement aux deux précédentes configurations, celle-ci, au lieu de susciter les félicitations de votre entourage, semble plutôt déchaîner les critiques, les interrogations chargées et les petites phrases. 


Déminons ensemble le plan « com de crise » de votre transition professionnelle.


1/ « Qu’est-ce qui te prend ? » — la transition professionnelle qui surprend


Lorsque vos projets de transition professionnelle inspirent à vos proches une réaction de type : « non mais qu’est-ce qui te prend, là, tout d’un coup ? » et autres déclinaisons de « as-tu subi un choc crânien récemment ? Je t’avais dit de toujours porter un casque quand tu fais du vélo ! », ne paniquez pas. 


Vous êtes simplement victime du syndrome communément appelé « manque de communication ». Voyons le cheminement de votre parcours de reconversion dans votre esprit. 


Point de départ : vous êtes ingénieur informaticien. Récemment, vous avez rejoint une association très populaire chez les ingénieurs qui s’intéressent au dérèglement climatique et à ses conséquences. 


Les mois passent, et vous avez progressivement adapté votre quotidien pour le rendre plus résilient, en réduisant l’empreinte carbone de vos équipements et de leurs usages. Votre ado a mis le holà lorsque vous avez voulu remplacer les WC par des toilettes sèches, mais toute la famille utilise consciencieusement les bocaux en vrac pour les courses, et des mobilités douces pour s’y rendre. 


Mais vous aviez envie de faire plus, de faire mieux, de pouvoir consacrer vos journées de travail à faire avancer la transition sociale et environnementale. Et là, effet d’aubaine : le dernier petit commerçant de votre village cherche un repreneur pour pouvoir prendre sa retraite. Vous décidez de racheter son fond de commerce pour en faire une épicerie vrac bio de proximité, et un jardin partagé sur la parcelle de terrain cultivable à côté de la boutique. 


Pour vous, ce cheminement intérieur a du sens. Pour vos proches, ils ne voient que le départ et l’arrivée : d’ingénieur informatique à épicier de village


Oui, dans ce contexte, « qu’est-ce qui te prend » est une interrogation légitime. 
Comment répondre ? Ne vous découragez pas, expliquez patiemment les étapes de votre réflexion, pour embarquer vos proches avec vous dans cette aventure. Vous pourrez alors bien plus facilement compter sur leur soutien !


2/ « Tu penses vraiment que ce serait mieux ailleurs ? » — la transition professionnelle ambitieuse


Quoi de plus frustrant que cette question transpirant la défiance, lorsque vous exposez votre envie de trouver un meilleur cadre de travail ? 


La tentation est grande, de répondre : « bah non, je suis absolument certain·e que ce sera pire ailleurs, c’est pourquoi j’ai envie de tenter. » Quelle question stupide, franchement ! 


Mais gardons-nous de juger ceux qui la posent : ils cèdent à un réflexe très humain, celui de l’aversion aux risques. Nous n’aimons ni l’inconnu, ni l’instabilité, c’est pourquoi en règle générale, nous abhorrons le changement. 


Et vous êtes là, à pavaner votre envie de changement sous le nez de gens qui ont une aversion profonde pour lui ?! Et vous vous étonnez de leur réaction ?! 


Alors comment répondre ? Eh bien redescendez de vos grands chevaux, et faites preuve d’humilité : c’est encore la meilleure façon de désamorcer cette situation. En effet, puisque cette réaction exprime un réflexe primaire, reptilien, viscéral, la raison n’aura que peu d’effets dessus. Préférez l’émotion. Comme par exemple, l’humilité : 


« Honnêtement ? Je n’en sais rien. Je sais juste que la situation actuelle ne me convient plus, je cherche donc l’opportunité d’en changer. Je ne sais pas si ce sera mieux, mais une chose est sûre, ce sera différent. Et c’est peut-être juste ça que je cherche : quelque chose de différent. »


Ça, c’est imparable.


3/ « Pourquoi sacrifier la stabilité ? » — la transition professionnelle osée


LA STABILITÉ !!! Dans un monde instable !!! Vos proches sont de sacrés comiques ! …Sauf si cette question vous est posée au premier degré. Dans ce cas, vous êtes face à un dilemme. 


D’un côté, vos proches ont l’air de vivre dans une merveilleuse bulle où les alertes de plus en plus désespérées des scientifiques, la crise énergétique, la guerre en Ukraine et autres joyeusetés de l’actualité ne peuvent pas les atteindre. Ce niveau de sérénité et de détachement flirte peut-être avec le déni, mais que ça doit être reposant de vivre dans cette bulle, vous ne trouvez pas ? 


De l’autre, si vous faites éclater leur bulle, est-ce que vous ne risquez pas de les plonger dans une crise existentielle que vous n’êtes pas armé·e pour gérer ? 


Si vous optez tout de même pour « l’opération vérité », prévoyez quand même de quoi les aider à absorber le choc, et préparez-vous mentalement à devoir répéter votre tentative. Il faut parfois plusieurs séances pour réussir à provoquer l’éveil d’un sujet. 


Si, toutefois, vous préféreriez préserver la tranquillité d’esprit de vos proches — et la vôtre également — vous pouvez pointer uniquement l’instabilité qui traverse justement votre entreprise, votre secteur d’activité, ou votre profession. 


Comment répondre ? Puisque nous évoluons dans un monde éminemment instable, vous ne devriez pas avoir trop de mal à trouver des marqueurs d’instabilité dans votre vie professionnelle actuelle : de quoi démontrer que votre transition professionnelle vise justement à vous permettre de trouver davantage de stabilité. Habile ! 


4/ « Tu vas perdre ton niveau de vie ! » — la transition professionnelle désintéressée


C’est le nerf de la guerre, n’est-ce pas ? Si votre transition professionnelle s’accompagne d’une hausse de vos revenus, rares sont ceux parmi vos proches qui trouveront quelque chose à redire. En revanche, si ce bouleversement de carrière doit s’accompagner, au moins dans un premier temps, d’une diminution de vos ressources, distinguons deux cas de figures. 


Si vous êtes « le pote qui régale », car vous dépensez sans compter pour vos amis : certains s’inquiètent peut-être de votre capacité à assumer ce rôle par la suite. Faites le tri dans vos amis, ceux qui ne vous soutiennent que quand vous payez le resto ne valent pas grand chose. 


Si, à l’opposé, vous avez tendance à vous faire inviter, que vous avez des dettes en souffrance au sein de votre groupe d’amis, il est normal et légitime que ceux-ci s’inquiètent de votre solvabilité future. Ils sont un peu les actionnaires de votre carrière, il est parfaitement normal qu’ils émettent de tels objections si vos choix vont à l’encontre de leurs intérêts. 


Comment répondre ? Remboursez vos dettes voyons, personne n’aime avoir à relancer un ami pour récupérer son dû. 


Si vous n’êtes dans aucune des situations citées précédemment, vous n’êtes tout simplement pas obligé de répondre. Votre équilibre économique doit bien évidemment faire partie intégrante de votre réflexion. Et si vous avez pris une décision concernant votre évolution de carrière, nul doute que vous aurez pris en compte ce paramètre. Le reste du monde n’a pas besoin d’en connaître les détails.


5/ « Franchement, c’est pas le moment ! » — la transition professionnelle inopportune


Mais c’est jamais le moment ! Il y a toujours quelque chose ! Que la personne qui a déjà su repérer « le bon moment » pour agir nous fasse un portrait-robot de ce fameux moment. 


Vous pouvez faire parler votre interlocuteur pour savoir ce qu’il entend par « le moment », que ce moment n’est apparemment pas. Maintenant serait donc « le mauvais moment », mais ça ne nous avance pas plus pour savoir quand serait alors « le bon moment ». Mais laissez ce proche inquiet se perdre dans ses propres définitions. 


Lorsqu’il sera arrivé au bout de son raisonnement, vous aurez le champ libre pour pouvoir clore la conversation. 


Comment répondre ? « Même si tu avais raison, si vraiment, ce n’était pas le bon moment, je vais te faire une confidence : si jamais le bon moment se présente, je ne suis pas sûr·e de savoir le reconnaître. Alors, j’ai décidé de le provoquer ! » 


Du coup, vous décidez que le bon moment, c’est quand vous le provoquez. Problème réglé !


6/ « T’es sûr que tu ne vas pas le regretter ? » — la transition professionnelle…euh ?!


La certitude exclut-elle le doute ? Ce serait un excellent sujet pour le bac de philo. Laissez donc 4 heures à votre interlocuteur pour méditer dessus. 


Cela dit, la question a un intérêt : vous pourriez avoir des regrets, si vous n’avez pas assez bien étudié vos motivations pour changer, et ce qui pourrait vous attendre de l’autre côté. C’est une interrogation légitime, et la question posée, lorsqu’on l’interprète en ces termes, peut vous permettre de reboucler sur ces points. 


Est-ce que vous savez précisément pourquoi vous voulez entamer cette transition professionnelle ? Est-ce que vous avez bien disséqué les caractéristiques du job que vous visez, de son secteur d’activité, de ses enjeux ? 


Le ou la proche qui s’inquiète, par cette question, cherche à savoir si vous avez bien fait vos devoirs avant d’embarquer pour une telle aventure, et si vous ne partez pas sur un coup de tête. 


Comment répondre ? Vous pouvez refaire la liste des raisons qui poussent à partir, à changer, ainsi que la liste des améliorations que vous vous attendez à trouver à l’arrivée. Vous avez probablement des questions en suspens, vous-même : partagez les dans la discussion ! Ça montre que vous êtes dans un processus, que vous construisez votre parcours, et que vous n’êtes pas en train de vous laisser porter par le courant. 


Avez-vous déjà entamé une transition professionnelle qui a surpris, déstabilisé vos proches ? Quelles remarques ou questions vous ont-ils posées ? Comment y avez-vous répondu ? Partagez votre expérience !

Cet article a été écrit par imagreen .

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