La transition en marche

La transition environnementale de mon secteur d’activité est-elle possible ? (Partie 2)


Est-ce que votre secteur d’activité peut réussir une transition environnementale, ou est-il, par nature, voué à l’obsolescence ? Suite de notre analyse garantie 100% sans greenwashing.


Une première partie a été consacrée aux secteurs de l’agriculture, de l’industrie, de l’énergie, du bâtiment, de la construction et de l’immobilier, et vous pouvez y accéder ici :


5/ La transition environnementale de l’emploi et de la formation est-elle possible ? 


L’emploi et la formation sont au secteur tertiaire ce que l’énergie est à l’industrie : sa sève, son sang, ses flux vitaux. Sans énergie, pas de production, et sans ressources humaines formées et employées, pas de travail. Car sans humain pour les commander, les machines ne savent guère fonctionner. 


Alors, la transition environnementale de l’emploi n’est pas une finalité, c’est l’un des moyens incontournables de mener à bien cette transition, pour l’ensemble des secteurs d’activité. Et cela, si vous évoluez dans l’emploi et la formation, vous l’avez probablement déjà ressenti dans votre quotidien professionnel. 


Certaines filières font face à une pénurie de talents, qui ne tarit pas : les demandes en chefs de projet dans les énergies renouvelables peinent à trouver preneur.


Mais cette pénurie n’est pas cantonnée aux cadres supérieurs : les profils de techniciens et d’ouvriers qualifiés sont aussi difficiles à recruter, alors qu’ils sont très demandés dans les secteurs du traitement de l’eau, de la valorisation des déchets, et globalement des filières industrielles en reconversion.
 
Dans son analyse des métiers en 2030, France Stratégie estime qu’entre 2019 et 2030, seront notamment créés :

  • 410 000 postes de médecins, infirmiers, professions paramédicales, aides à domicile et aides-soignants
  • 180 000 postes dans les métiers de l’informatique et de la recherche
  • 135 000 postes d’ouvriers de la manutention
  • 120 000 postes dans les métiers du bâtiment (dont la moitié de cadres)
  • 45 000 postes dans les métiers industriels 

Et quoi de plus évident ? En faisant l’inventaire des secteurs d’activités qui nécessitent d’accélérer leur transition environnementale, les besoins en compétences, main d’œuvre et savoir-faire sont titanesques !

À tel point que selon les travaux du Shift Project, la transition environnementale des secteurs d’activité crée bien plus d’emplois qu’elle n’en détruit ! Le PTEF estime à plus 300 000 la création nette d’emplois à l’horizon 2050. 


Comment agir ? Une fois encore, l’information et la sensibilisation sont le préalable à l’action ! La Fresque de l’Emploi Durable est un excellent point de départ pour stimuler la réflexion sur l’évolution des compétences et des carrières, au service de la transition. 

Où se renseigner ? On peut consulter la cartographie des compétences par métiers, de France Stratégie, mais aussi la synthèse L’emploi : moteur de la transition bas carbone du PTEF, ou sa version intégrale.


6/ La transition environnementale de la Santé est-elle possible ?


Le secteur de la santé emploie 2,5 millions de personnes en France, ce qui représente plus de 9% de la population active. Et à l’image de l’agriculture ou du secteur de l’emploi, sa transition environnementale n’est pas optionnelle. 


D’une part, le secteur de la santé est responsable de l’émission de 8% des gaz à effets de serre, dans le total national. Cette part n’est pas neutre. D’autre part, les conséquences du dérèglement climatique concernent directement ce secteur, et nous avons déjà commencé à en faire les frais. 


L’augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes, par exemple les épisodes caniculaires, ont un impact non négligeable sur la santé — voire même la vie — des habitants des territoires touchés. À titre d’exemple, la canicule de 2003 avait causé près de 15 000 décès prématurés


À l’échelle de l’Europe, la pollution de l’air est à l’origine de 238 000 morts prématurées. Cette pollution joue également un rôle prépondérant dans le développement de maladies respiratoires, les risques d’AVC et de maladies cardiovasculaires. 


Comment agir ? Ces nouveaux risques sanitaires doivent être progressivement pris en compte par les populations, comme nous avons jadis fait entrer dans nos habitudes le port de la ceinture de sécurité, l’application de la crème solaire, mais aussi exclu certains gestes ou habitudes — comme la consommation d’alcool dans les cantines scolaires, par exemple.


Puisqu’on ne peut pas toujours agir sur les causes directement, on peut se prémunir de certaines conséquences : éviter les activités physiques en cas de forte pollution de l’air, de fortes chaleurs, privilégier une alimentation à base de produits de saison, en circuit court pour éviter au maximum les transformations industrielles, etc. 

Où se renseigner ? On peut lire Décarboner la santé pour soigner durablement, la synthèse du Shift Project, ou la version détaillée de ce chapitre du PTEF


7/ La transition environnementale de la Finance est-elle possible ?


Avec l’énergie et l’emploi, la finance est le troisième secteur transversal de l’économie. L’argent est le nerf de la guerre, selon l’adage bien connu, la finance est donc bien celui de la transition environnementale. 


Les banques sont des institutions incontournables de notre système économique national et global. Or, selon un rapport de l’ONG Oxfam publié en 2020, les grandes banques françaises ont une empreinte carbone équivalente à 8 fois les émissions de gaz à effet de serre de la France entière. 


Cette évaluation tient compte des choix d’investissements réalisés par ces établissements financiers. C’est le fait d’investir leurs capitaux dans les énergies fossiles, dans les industries à fort impact environnemental, qui alourdit considérablement l’empreinte carbone des banques. 


À titre d’exemple, pour bien comprendre les ordres de grandeur en question : 

  • Un vol aller-retour de Paris à New York émet 1,7 tonne de CO2 dans l’atmosphère.
  • 4 500€ d’épargne sur un compte ouvert auprès d’une des principales banques françaises a une empreinte carbone de 1,7 tonne d’équivalent CO2. 


En 2022, le taux d’épargne des ménages était de 17,4% du revenu brut disponible, selon l’Insee. Ça fait beaucoup de vols Paris-New York qui dorment sur nos comptes en banque. 


Comment agir ? La transition du secteur de la finance a déjà commencé ! De nouveaux acteurs s’installent sur le marché, et choisissent rigoureusement leurs placements en fonction de l’impact social et environnemental des acteurs économiques à l’autre bout de la chaîne.
 

Où se renseigner ? On peut se plonger dans le blog de la finance verte, et plus précisément le tag Comprendre la finance, où la néobanque Green-Got décrypte les arcanes du fonctionnement des banques, à mesure qu’elle développe ses propres activités. Pour une source institutionnelle, on peut se plonger dans les travaux du ministère de l’économie et des finances, dédiés à la Finance Verte. Dans le PTEF du Shift Project, ce chapitre recense les travaux en cours.


8/ La transition environnementale de la mobilité et des Transports est-elle possible ?


Si l’invasion des cyclistes, trottinettes et autres engins de mobilités urbaines sont le témoin de quelque chose, c’est bien que la transition de la mobilité et des transports est non seulement possible, mais déjà bien avancée ! 


En isolant le seul secteur du fret, le transport de marchandises, les émissions correspondent à 9% du total national. Aux termes de l’étude réalisée par le Shift Project, 89% des marchandises transitent par la route, 9% seulement par le train. 


Côté particuliers, avec un prix à la pompe avoisinant les 2€ par litre, l’évolution des modes de transports quotidiens devient une nécessité économique pour de nombreux foyers ! Les solutions sont nombreuses, et sont déjà en cours de déploiement, en France ou ailleurs en Europe : 

  • Développement de l’offre de transport en commun
  • Baisse de prix spectaculaire pour favoriser le train, avec des abonnements mensuels à 49 € en Allemagne ou au Portugal
  • Investissements dans la création de véloroutes et pistes cyclables
  • Incitations financières pour s’équiper en vélos


Comment agir ? La bataille du “dernier kilomètre” est un levier d’action à fort potentiel d’impact : c’est souvent dans les derniers kilomètres du trajet d’acheminement des produits que l’on peut substituer le camion contre un mode de transport plus doux pour l’environnement et la santé. Côté particulier, on peut focaliser son énergie sur les migrations pendulaires. Et à ce sujet, tous les efforts déployés par les entreprises à travers un Plan de Mobilité des salariés permettent de diversifier les modes de transport quotidiens, et donc de diminuer l’usage des voitures individuelles.


Où se renseigner ? Le PTEF consacre plusieurs chapitres aux enjeux du transport et de la mobilité : 


9/ La transition environnementale du Numérique est-elle possible ?


Reviendra-t-on un jour à une société sans usages numériques ? Une chose est certaine : pas dans les décennies à venir. Les gains de temps, d’efficacité et de performance obtenus grâce au déploiement du numérique dans nos vies quotidiennes constituent un progrès sur lequel il serait difficile de revenir. 


En revanche, toutes les innovations ne sont pas pertinentes dans l’optique d’une transition environnementale de ce secteur en particulier, et de la société dans son ensemble. Les applications ou autres Saas (Software as a Service) qui permettent de réaliser une démarche en ligne, en évitant un déplacement physique (et un recours aux énergies fossiles pour ce faire) ont un intérêt évident. 


On ne peut pas en dire autant de développements gourmands en énergie, à travers les volumes de données stockées en data centers, qui n’apportent rien de pertinent à notre quotidien. Les travaux du Shift Project proposent de répondre à cette double approche par la sobriété numérique, décrite ainsi dans la synthèse adressée aux décideurs


«  La sobriété numérique, c’est passer d’un numérique instinctif voire compulsif à un numérique piloté, qui sait choisir ses directions : au vu des opportunités, mais également au vu des risques.


Déployer la sobriété numérique, c’est piloter nos choix technologiques, les déploiements d’infrastructures et d’usages associés afin de préserver les apports essentiels du numérique. »


Il y a donc fort à faire pour accompagner le développement de ce secteur sur la voie de la sobriété. 


Comment agir ? L’aspect dématérialisé induit encore beaucoup de gens à penser que le numérique « ne pollue pas » ! Le travail d’information et de sensibilisation aux petits gestes de la sobriété numérique est donc loin d’être terminé. L’ADEME d’ailleurs dédié un guide de bonnes pratiques à ce sujet, à diffuser sans modération. 


Où se renseigner ? Ce secteur a déjà été abondamment disséqué par les Shifteurs, mais une mise à jour de ces travaux est actuellement en cours. On peut les consulter sur Les impacts environnementaux du numérique.


10/ La transition environnementale de la Culture est-elle possible ?


Que seraient nos sociétés sans culture ? Sans création artistique ? Sans imaginaires ? C’est impensable ! L’anthropologie l’a démontré, l’humain a toujours créé. C’est l’une des caractéristiques qui le distingue des animaux non humains. Nos activités culturelles s’inscrivent dans notre monde actuel, elles ont donc, elles aussi, un impact environnemental qui doit être pris en compte. 


Mais à l’image du Numérique, la Culture est aussi un levier de solutions : c’est ce que soulignent les auteurs du chapitre qui lui est dédié dans le PTEF, dans la synthèse aux décideurs : 


« Si le secteur de la culture peut transformer nos imaginaires, il peut aussi transformer directement le réel : la culture peut contribuer, dès aujourd’hui, à la transition d’autres secteurs comme l’agriculture, le bâtiment, l’énergie, la mobilité, le numérique.


Son lien étroit et majeur avec ces secteurs, dont elle dépend et qui interagissent avec elle, constitue une capacité : celle de devenir un moteur de la transition. Ce rôle lui appartient tout autant que sa propension à construire nos imaginaires et à changer notre vision du monde. »


Le secteur de la culture emploie plus de 703 000 personnes, soit 2,6% de la population active. Les ménages français y consacrent 4% de leur budget.


Comment agir ? Ce n’est pas le moment de déserter le secteur de la culture, en ayant le sentiment de pouvoir se rendre « plus utile » ailleurs !

Nous avons plus que jamais besoin d’artistes pour produire et animer des imaginaires positifs, de cadres et de technicien·nes pour donner vie à ces créations, pour permettre aux publics les plus variés de pouvoir assister à des spectacles, vivre des expériences qui contribuent à ouvrir les esprits et élargir les horizons. 

Où se renseigner ? On peut lire la synthèse du PTEF Décarbons la culture ! ou la version intégrale du rapport final.

Cet article a été écrit par imagreen .

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